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Spéléo Corbières Minervois
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  • Ce blog est un outil de communication et d'expression destiné aux membres et amis du Spéléo Corbières Minervois. Il contribue à rendre compte de nos sorties, à partager des émotions, à exprimer des sentiments et à coordonner les explorations.
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4 janvier 2021

Bonne année et bon chantier !

Gouffre des Mille Feuilles

Voilà bientôt trois ans que le Gouffre des Mille Feuilles a été découvert par Damien et Antonin, le 27 janvier 2018. Cette année-là fut riche en découverte pour nous, les jeunes novices, tant sur la découverte de cette pratique qu'est la spéléo que l'exploration en elle-même. Trois ans déjà !

L'année 2018 totalise 15 sorties sous terre, pour un total de 88 heures (et 15 minutes précisément !). Au bout de la quatrième sortie, la côte de -95 fut atteinte. Mais les prochaines furent lentes et éprouvantes dans ce méandre... Ah la Séance Égyptienne (qui commence à -96) !! On en aura utilisé de l'huile de coude pour en venir à bout ! Mais la suite sur les banquettes aura été de courte durée... On a alors continué à agrandir ce méandre avec détermination à chaque sortie ! On a fini par lui donner un petit nom, le méandre de la Guerre Karstique (il n'y a rien de plus à ajouter à ça pour comprendre ?). Lors de la dernière sortie en 2018 (le 09 décembre), on arrive finalement à bien progresser dans le méandre jusqu'au boyau. A ce moment, je suis le seul à avoir vu le fond, pas très engageant au premier abord, mais il y avait un bel écho derrière (arrêt à -109) !  Pour résumer, 8 sorties de désobstruction ont été effectuées au fond : le méandre comptabilise 40 mètres de développement pour 13 mètres de dénivelé. Le côté positif c'est que la côte des -100 a été dépassée cette année-là ! 

Néanmoins ce fut la dernière sortie avant une longue pause... En effet, aucunes sorties n’ont été faites en 2019 dans ce gouffre. On était assez partagés : est-ce raisonnable de continuer à agrandir un méandre aussi étroit ? mais en même temps cette eau va bien quelque part ?

Après plus d'un an d'attente et de cogitation concernant ce gouffre, on décide tout de même de retourner au fond pour se rendre compte du chantier qu'il faut entreprendre, et si ça vaut vraiment la peine de continuer... C'est donc le 09 août 2020 qu'on commence à agrandir le boyau terminal. Lors de cette sortie on se rend compte qu'il y a pas mal d'écho derrière, mais qu'il y a également un léger courant d'air aspirant. Même si on ne passe pas cette fois, la motivation commence à revenir. La sortie d'après (le 15 août 2020) sera la bonne, on finira par passer le boyau (4 mètres de long), que l'on nommera le boyau des Marcassins (présence de marcassite, FeS2 oxydée). Vous connaissez la suite des péripéties : les puits ont commencé à se succéder, avec des accès plus ou moins compliqués par moments... P6 de l'Assomption, R3, P6, P11 des Mahustres, R4, P17 du Critérium, P8 du Disto Boy, P5 du One Shot pour finalement retomber sur un méandre impénétrable. On est secrètement déçus mais on arrive à se motiver même en se croyant partis sur un nouveau chantier long et difficile. C’est aussi l’élan du reste du club qui vient nous aider dans l’aménagement du méandre de la Guerre Karstique qui propulse notre avancée avec 3 équipes qui travaillent en même temps ! On arrive finalement très rapidement sur le P12 du Cut... Ensuite ? De nouveau un méandre à agrandir mais on est cette fois-ci plus confiant sur la durée du chantier. On arrête la topographie au début de ce méandre, à -188 mètres. Notre avant-dernière sortie, datant du 21 décembre 2020, fut prometteuse (fin du méandre et arrêt devant un puits). 

Nous voilà donc repartis pour la dernière sortie de 2020 (le 30 décembre), cette fois on y va a deux, Damien et Mael. C’est donc avec espoir que l’on monte au Mont du Rat dans la neige qui tombe à gros flocons. Il y a déjà 10cm de neige au niveau de la ferme des Anglais (j’ai judicieusement concédé de me garer chez les Campans pour une fois). On est accompagnés de Morgane et sa chienne Aria qui nous suivent sur la marche d’approche pour l'occasion, c’est vrai qu’avec la neige l’ambiance est superbe. 

Ferme des Anglais

Montée

Champs

Entrée

 

 

 

 

 

 

 

La dernière fois, nous nous sommes arrêtés devant un nouveau puits dont la tête était à désobstruer. Nous espérons alors que la suite ne sera pas trop capricieuse une fois en bas. 

Arrivés en haut on ne traîne pas et on est vite prêt à rentrer dans le trou (vers 11h), on atteint le fond environ 1h20 de descente plus tard. On se retrouve donc face à ce nouveau puits, que nous nommons “puits des Imberbes” du fait que les deux explorateurs du jour ont bien peu de poil au menton. Quelques estimations scientifiques plus tard, notamment, sur le courant d’air aujourd’hui (soufflant et) assez marqué du fait de la température fraîche à l’extérieur mais aussi vu la configuration étroite du départ du puits. On attaque notre besogne et c’est finalement en trois parlementations dont une foirée qu’il devient pénétrable. Ce n’est pas si étroit mais ça méritera un poil plus de confort, ce qui sera facilement jouable.

Deux goujons plus tard et nous pouvons enfin nous y lancer, le puits doit faire 10 m car la corde de 12m est toute pile avec le nœud. Je descends le premier et remarque un joli départ en milieu de puits, en bas il y a la place et je l’attend. Damien confirmera cet intéressant départ, mais il faudra faire un petit pendule pour y accéder. Ce dernier doit faire dans les 1 ou 2m de large pour environ 2m de haut (cela semble être un ancien amont du mince cours d’eau que nous suivons tout au long de ce méandre) : ça a l’air de remonter assez rapidement et ça tourne, donc très peu de visuel mais de l'écho témoigne de l'intérêt (peut-être une cheminée).

Accès P10 des Imberbes

P10 des Imberbes 1

P10 des Imberbes 2

 

 

 

 

 

 

 

Le bas du puits fait bien 2x3m et à notre grand soulagement le ruisseau ne se perd pas dans une infâme fissure ou dans une flaque/siphon mais elle bute sur un espèce de micro contact (la roche semble plus dure) forçant le méandre à reprendre sur notre gauche (sens de la descente). On se dépoile légèrement car ce n’est pas immense mais ça passe finalement facilement, et on retrouve 5/7m plus loin une zone plus confortable. Ici le ruisseau semble buter de nouveau sur une roche plus dure en rive droite et doit s’échapper contre (ce qui semble être une diaclase), une nouvelle fois sur notre gauche. Sur la rive gauche c’est malheureusement pour nous (mais aussi les suivants) que l’on trouve du mondmilch. Ce concrétionnement est la cause de l’étroiture que nous allons devoir franchir pour continuer notre progression. 

Mondmilch

Mondmilch Diaclase

Ni une ni deux on ressort le matériel et on s'attèle à cette zone pour le moins agréable… Après plusieurs aller-retour contre le mondmilch, nos combinaisons, bien trempées, deviennent de fabuleux costumes de camouflage. Après deux parlementations, je m’essaye à franchir le passage, et finalement je me laisse glisser de l’autre côté (c’est en fait un petit ressaut d’environ 2m de haut). De l’autre côté rebelote, un nouveau pincement nous arrête. De la même façon, nous finissons par en venir à bout, et je me retrouve au-dessus d’un ressaut impossible à désescalader. Enfin si, mais c’est plutôt pour remonter que cela deviendrait compliqué. On décide de mettre une corde pour y descendre. Je place deux goujons, je sens que c’est la fin de la batterie du perfo, mais on tente de mettre en place une main courante pour accéder en toute sécurité au-dessus du petit puits. Je dis bien on tente, ou du moins Damien, car ce dernier a fait tomber les deux écrous des deux derniers goujons qui nous restait… Tant pis, il n’y aura pas de main courante pour cette fois. Je descends en premier et l’attend en bas de ce petit puits qui doit faire 4m de haut. 

P4 amont

Camouflage dans le P4

Juste après ça repart en méandre passable sur quelques mètres en forme de S. Derrière, la déception se fait ressentir, l’eau descend sous nos pieds dans une fissure très étroite (on peut pas y mettre la jambe) où l’on aperçoit le fond 3/4m plus bas. Devant nous le méandre pince également, mais c’est en levant la tête que l’on aperçoit une suite potentielle. Une petite escalade en opposition et quelques mètres plus loin on s’arrête dans une petite pièce formée de stalactites. Ça n'a pas l’air de continuer par là, mais on va quand même y jeter un coup d'œil. Finalement, il y a un trou sur notre droite (à ouvrir), on devine le sol 2m plus bas, nous sommes donc sur un plancher. Sur le sol en contrebas on peut observer des stalagmites et un autre trou plus loin, légèrement plus gros. De là où nous sommes on arrive à jeter des cailloux à l’intérieur du deuxième et les entendre tomber. On s’arrête et on ne fait plus un bruit, on entend l’eau couler également. La suite est là, espérons que la descente ne soit pas trop étroite… 

Fond

En repartant on remarque la présence de guano de chauves souris ainsi qu’un petit rhinolophe logé au-dessus de nous dans les fissures hautes du méandre qui semblent bien remonter. Nous mettrons deux heures pour revoir la lumière du jour. Pardon, on est sorti de nuit en fait, après 8h30 passées sous terre. A oui, au fait, le bas du P10 des Imberbes est sûrement le niveau des -200

 

 

SortieL'année 2020 fut riche en rebondissements ! Cette année totalise 10 sorties sous terre, pour un total de 86 heures. Depuis la découverte de ce gouffre, il y a eu 25 sorties sous terre, pour un total de 174 heures (et 15 minutes). Si mes estimations sont bonnes (car on n'a pas continué la topographie lors des dernières sorties), la côte des -200 mètres a été atteinte pour finir cette année en beauté ! En 2018, -100 ; en 2020, -200 ; espérons que 2021 continue sur cette lancée !... 

Continuer l'exploration au fond de ce gouffre commence à être long et difficile… Il y fait froid, on arrive trempé, c'est étroit et plein de mondmilch pour bien couronner le tout… Outre l'exploration du fond, il y a tout de même de nombreux points d'interrogations restés en suspens depuis 2018. Par exemple, réaliser une escalade de l'amont du méandre, finir la Josefile qui devrait jonctionner (mais qui c'est ?)... La topo n'est également pas finie dans la partie haute de la cavité. Dans la partie du gouffre exploré en 2020, il y a également quelques escalades et pendules dans les puits à réaliser. 

Au niveau de la topographie, le fond est à -188 mètres pour 545 mètres de développement. D'après nos estimations on peut penser que le fond est à -207 mètres pour un développement d'environ 775 mètres (545 m topo + 150 m Bamboutière et Josefile + 20 m pendule du P37 + 60 m pour la suite au fond). En faisant une recherche sur internet, si nos estimations sont bonnes le Gouffre des Mille Feuilles est actuellement la 24ème cavité la plus profonde des Hautes-Pyrénées à la fin de l'année 2020 ! 

Croquis

 

Un grand merci à toutes les personnes ayant participé à certaines étapes de l’exploration : Damien, Antonin, Maël, Adrien, Zian, Régis, Gabriel, José, Stoche, Lionel, Gounel, Annick, Guillaume, Félicie, Hugo, Jean-Noël, Alain et Marie. Et ce n’est pas fini ! Peut être dégusterons nous un jour un gâteau tous ensemble pour fêter ça, bien entendu il va de soit qu’il s’agira d’un mille feuille !! 

 

 

 

Voici une petite compilation de toutes les “belles” photos que nous avons pu prendre au fil de nos sorties. Bien entendu, mention spéciale à celles de Stoche qui sont d’un autre niveau. 

Méandre amont

Méandre aval

P37 de la Nifle (2)

P37 de la Nifle

Méandre Z26

 

P17 du Critérium 1

P17 du Critérium

P8 du Disto Boy

Galerie P5 du One Shot

Le Canapé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonne année à tous et à toutes !

 

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Commentaires
S
Génial et voilà de quoi faire un bel article dans Spélé Aude, Spélé Oc ou Spelunca (ou les trois). On voit qu'il y a encore quelques étroitures avant le fond, faudra nous agrandir tout ça et nous continuer la Guerre pour nous retrouver au fond.
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S
Ça, c'est un bel article, c'est le moins qu'on puisse dire ! Un grand plaisir à le lire. Et bravo pour votre motivation, parce que ce n'est pas de la tarte, ce que vous faites !
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K
Wow, quel récit!<br /> <br /> Franchement c'est super pour vous d'avoir découvert cette cavité dès le début (ou presque) de votre venue à la spéléo, beaucoup en rêvent.<br /> <br /> Mais en même temps, elle ne se laisse pas faire, c'est quand même du gratiné, et c'est bien grâce à votre opiniâtreté et votre persévérance que vous en arrivez à ces exploits, ( oui oui, c'en est!)<br /> <br /> Encore bravo, et tous mes veux pour 2021, qu'elle soit riche en découvertes de ce type.
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