Une bien triste journée pour la spéléologie audoise…
Avec la source de Laïdoux à laquelle il est relié, l’aven de Bories 3 est une cavité de premier ordre pour l’observation de la zone noyée du karst du Minervois audois.
André Tarrisse, qu’on ne présente plus tant il est apprécié de tous les spéléos, est un contributeur très important pour les observations qui y sont réalisées. Il a financé (entre autres) l’achat d’une sonde CTD et son câble de téléchargement remontant jusqu’à quelques mètres de l’entrée de l’aven de Bories 3. Le SCM intervient régulièrement pour décharger la mémoire du capteur autonome.
Ainsi, les intermittences qui se développent irrégulièrement dans le « siphon » sont enregistrées en termes de pression (niveau), température et conductivité électrique. La chronique est actuellement riche de 20 mois d’enregistrements qui, comparés à ceux réalisés à Laïdoux, est une source exceptionnelle de savoir, un patrimoine insetimable. La publication des premiers résultats est en cours de rédaction et devrait paraître prochainement dans SPELEAUDE.
La mémoire risquant d’être saturée dans quelques jours, il était temps de rejoindre aujourd’hui le ravin du Linze pour la visite trimestrielle.
Pour accéder au touret terminé par un embout de téléchargement, il est nécessaire bien sûr de connaître la situation du trou, de se glisser dans le bidon protégeant l’ouverture des crues du ruisseau, d’avoir prévu un minimum d’éclairage et parfois vous l’allez voir : de s’être muni d’un couteau bien tranchant.
Car l’embout en question était délicatement accroché au touret, mais le câble le reliant à la sonde dans le siphon était tranché net une vingtaine de centimètres en arrière.
Ce que l’intelligent personnage ne savait certainement pas, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple câble électrique mais d’un câble de transmission optique. Il n’est donc pas possible de l’abouter avec des « dominos », même pas de le réparer en atelier. Le câble de 100 m est définitivement hors d’usage et son remplacement complet revient à 343,20 € (port compris, tarif 2020)
S’ajoutant au préjudice matériel, la série d’enregistrements vierge de tout incident depuis l’activation (juin 2020) va comporter une large fenêtre d’interruption. Les enregistrements sont surtout importants lors des crues, l’éventuelle crue de printemps était attendue avec impatience et aurait eu toute notre attention… Il n’en sera rien.
J’entends bien « c’est peut-être un chasseur » : je les sais particulièrement mal à l’aise dans les trous, de plus il fallait prévoir au moins une frontale et quand ils descendent dans le ravin, c’est pour traquer leur gibier et pas pour faire du tourisme dans une cavité.
Donc il s’agit d’une récidive assimilable au vol des deux Reefnet à Laïdoux il y a quelques années, forcément le fait de personnes dans ou très proches du milieu spéléo…
J’espère que l’auteur de cet acte inqualifiable, au moins pour André, va peser les conséquences de son geste et trouver le moyen anonyme de lui rembourser la somme mentionnée ci-dessus.
Je ne pensais plus possible de tels actes dans le milieu de passionnés que nous formons. Force est de constater qu’il y des brebis galeuses (la gale étant bien légère comparée au mal qui les ronge). Bonne lecture en espérant qu’elles seront dénoncées sans scrupule (il existe beaucoup de moyens anonymes pour le faire savoir) et que la spéléo audoise éradiquera pour toujours cette engeance.
Jean-Claude Gayet, le 25/02/2022