23/24 juillet 2019 : Après les chèvres, les rongeurs…
On ne pouvait pas mieux choisir pour enchaîner les randonnées sur le Cotiella… 40°C sur les routes depuis Barcelone, 25 °C à 2200 m d’altitude ! En compagnie de Ramon cette fois, en vacances et voulant en découdre, le raid est lancé avec un programme chargé.
Jour1 : Aller-retour au Llenero sur les stations météo AIR et SOL, 3 h ½ h d’ascension, 1 h ½ de maintenance puis 3 h de descente pour 1000 m de dénivelé. Tous les entregistreurs sont déchargés, le pluviomètre sol est étalonné. On découvre l’isolant du câble rongé en plusieurs endroits jusqu’à cuivre par des souris (ou cousines de) indélicates. La continuité électrique est encore assurée, mais l’adhésif enroulé comme réparation pourrait bien servir plutôt d’appât que de répulsif…
Le massif est contourné en voiture, face au splendide panorama sur la peña Montañesa, le thermomètre annonce 40°C sur l’asphalte… Arrêt à Badain pour aller prendre les données aux fuentes Blancas et à la Passerelle, 3 heures de marche de plus… Mais en prime un bain rafraîchissant dans la Garonna de los Molinos. Le site était désert, c’est cul nu que nous avons joué les têtards !
Jour 2 : Après une 2ème nuit à la belle étoile mais cette fois à Lavasar, le petit jour nous a surpris montant vers les aiguilles de Lavasar (500 m d’ascension mais nos jambes n’ont pas oublié les excès de la veille). Arrivés à la station météo, on découvre le câble du pluviomètre automatique complètement sectionné cette fois, par d’autres rongeurs… Et là, la réparation est impossible, même de fortune. Les dernières impulsions ont été transmises le 10 juillet, même pas un mois de fonctionnement !
Dépités, nous avons continué vers la grotte C35 que nous n’avions pas pu explorer le 13 juin car l’entré était encore sous un névé. La cavité allait nous faire oublier nos déboires. Nous avons parcouru une grosse centaine de mètres dans une galerie d’abord en forme de méandre avec des formes karstiques intéressantes, puis après un Z, le conduit bien marqué le prend la direction 130°N (vers les aiguilles et Ibonet). Sur une dizaine de mètres, les parois sont tapissées de baguettes de gours spectaculaires. Des bio-concrétions jonchent le sol, un panneau les présente de couleur gris-bleu du plus bel effet. Des pool fingers à 2317 m d’altitude, les spécialistes nous diront s’il ne s’agit pas des plus hautes découvertes à ce jour ! Un passage inférieur donne accès à une salle dans laquelle on note la présence de sable gris (glaciaire ?) et une cheminée comporte des traces de remplissage mais la présence de quartzites ou de granites n’est pas évidente. En reprenant le cours supérieur de la galerie, on chemine dans une galerie maintenant taillée « à la hache » avant d’arriver à un 1er ressaut ébouleux très instables (parois en décompression) où nous avons utilisé la seule corde en notre possession. Encore quelques mètres plus loin, le puits attendu est bien là, profond de 5 à 6 m, de vieilles chevilles (1980) sont visibles en parois. L’exploration s’arrête là pour aujourd’hui. Sur le retour, nous remarquons la forme arrondie des parois verticales mais agencées sur un rayon concentrique… Nous circulons en fait dans l’interstrate de couches verticalisées dont les « Agujas de Lavasar » sont l’exemple extérieur. Dissolution et distension tectonique ont favorisé le creusement de cette paléo-perte liée au lac temporaire d’Ibonet 100 m plus haut et 400 m plus loin. On serait peut-être à la limite du bassin d’alimentation de Fornos avec un autre plus oriental en rive droite du ravin de Galiners (très rapides observations à confirmer avec d’autres regards et topo, études complémentaires). Vivement de découvrir la topo de cette cavité découverte dans les années 1980, cherchée en vain pendant les campagnes estivales Lavasar et Baticiellas (2005 à 2007), et dont il n’existe que quelques citations dans la littérature du massif.