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Spéléo Corbières Minervois
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12 juillet 2019

Après près de vingt années de supputations, des observations spéléologiques sont précisées …

En 2001, le groupe Tarn et Tarnon (TNT) explorait la cavité A153 dans le « circo de Armeña » (versant Est du massif du Cotiella), découverte partiellement par les groupes espagnols dans les années 80 (nommée alors A38), et explorée en première jusqu’à -62 m grâce à la régression du névé souterrain par le GSL en 2002. Au bas du puits d’entrée, à -22 m, les spéléos étaient intrigués par un très gros tronc occupant l’interstice entre le névé souterrain et la paroi. En l’absence du moindre arbrisseau depuis une bonne centaine de mètres en altitude, au vu de ses dimensions, il était nommé subjectivement « Tronc d’arbre multi centenaire » sur la topo du gouffre publiée par le GSL dans le bulletin Tinderle n°19-octobre 2003 .

Le 10 juillet 2019, une rencontre fortuite avec des amis de l’ACEC allait permettre de jalonner l’histoire de cet arbre oublié.

Maria Dolores et Miguel Bartolomé sont deux jeunes docteurs en géologie, diplômés de l’université de Saragosse, le second est spécialiste de l’évolution climatique des Pyrénées, la première a soutenu brillamment sa thèse en mai dernier sur le thème général des lacs Pyrénéens (notamment Bassa la Mora sur le même massif du Cotiella, mais aussi sur d’autres comme celui du Marboré). Elle a particulièrement étudié les alluvions déposées dans ces milieux aquatiques.

Les analyses attestent la présence d’un végétal dont le nom scientifique est Dryas octopetala. C’est « une plante dicotylédone de la famille des Rosaceae. Vivace, à racine pivotante, hermaphrodite, c'est un sous-arbrisseau nain et rampant se propageant facilement sur les substrats caillouteux de montagne ou plaine. Appelée aussi : Dryade octopétale, Thé des Alpes, Chênette, Thé suisse. » (Wikipedia).

Retour sur le massif du Cotiella où à peu de distance du A153 et à la même altitude, s’ouvre la sima A38-294. La particularité de cette cavité est de conserver un glacier souterrain étudié depuis bientôt dix ans par un autre géologue de Saragosse, Angel Belmonte et dont elle a été la clé de voûte d’une minutieuse étude titrée « géormorfología del macizo de Cotiella (Pirineo oscense) : cartografía, evolucíon paleoambiental y dinámica actual ».

Pour faire court, ses études ont mise en évidence les glaces les plus anciennes d’Europe (au grand dam des Autrichiens détenteurs de tous les records jusqu’à présent !), se déposeraient et seraient conservées là depuis plus de 5000 ans. En parcourant ce livre d’archives où chaque année écrit la page de ce fantastique conservatoire, les analyses ont révélé la présence de la Dryas octopetal depuis les plus anciennes strates au côté d’aiguille de Pinus Muga (pin) : « Les résultats ne font pas apparaître d’inversions et représentent un intervalle de temps compris entre 6095 et 1901 années depuis nos jours. Ainsi l’âge du dépôt s’étend de l’holocène moyen et la période Gallo-romaine. Ces données confirment également qu’il s’agit d’un des plus anciens dépôts de glace connu à ce jour en Europe. » (A. Belmonte Ribas, in Cotiella n°4-2013).

Les investigations poussées lors de la thèse de Maria Dolores soulignent une diminution quantitative des traces de pin au bénéfice des traces de Dryas octopetal depuis ± 4000 ans.

Cette anomalie suggère un retrait des pins retenus par le froid de la glaciation du Würm à des altitudes inférieures proche de celle où on les rencontre actuellement, et une colonisation plus importante de la plante naine et rampante.

En interprétation plus spéléologique, notre tronc d’arbre du A153 aurait été entrainé au bas du puits d’entrée il y a au moins 4000 ans ! Il faudrait donc modifier le terme de la topographie « arbre multicentenaire » en arbre « multimillénaire »…

Quand les plus fines recherches scientifiques trouvent des explications à nos observations spéléologiques !

La topo en coupe de la sima A153 publiée dans le bulletin Tinderle n°19 du Groupe Spéléologique du Languedoc en 2003. Au bas du puits d'entrée, le tronc est qualifié de multicentenaire.

Surtout de pas comparer ! l'équipe franco-espagnole de la campagne 2002... 25 personnes au camp de base à 1800 m d'altitude et bouffe collective ! ça fait rêver... La photo est de mauvaise qualité mais certains se reconnaîtront.

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